Lorsque je réalise une consultation pour la détermination du moment de l’ovulation chez les canidés, le frottis vaginal est un examen que j’effectue et recommande systématiquement.
C’est une technique simple et rapide… qui peut fournir une multitude d’informations cliniques précieuses.
Frottis vaginal : qu’est-ce que c’est ?
Le frottis vaginal est un examen fréquemment utilisé dans nos consultations de reproduction canine.
À l’aide d’un écouvillon vaginal (qui n’est en réalité qu’un coton-tige allongé), nous prélevons des cellules vaginales, les déposons sur une lame de microscope et, après coloration de la préparation, nous l’observons au microscope.
Nous nous intéressons particulièrement à la morphologie des cellules vaginales.
En effet, les cellules vaginales forment ce que nous appelons un épithélium, et leur morphologie est influencée par la quantité de kératine (une protéine) qu’elles contiennent.
Cette quantité de kératine est elle-même régulée par les hormones sexuelles, notamment les œstrogènes.
Par conséquent, la morphologie des cellules vaginales évolue tout au long du cycle de la chienne.
À quoi cela ressemble-t-il ?
Lorsque la chienne est en anœstrus (période de repos sexuel), les cellules vaginales sont petites et rondes, avec de gros noyaux clairement visibles. On les appelle cellules parabasales et lorsqu’elles sont les seules présentes, cela indique l’absence d’œstrogènes (et donc l’absence totale d’activité ovarienne).
Au début des chaleurs (pro-œstrus), nous commençons à observer des changements. Les cellules vaginales deviennent plus anguleuses (en raison de l’accumulation de la kératine mentionnée précédemment) et augmentent de taille.
Cette modification cellulaire atteint son apogée lorsque la chienne approche de l’ovulation (œstrus) : c’est à ce moment que l’on observe principalement des cellules en forme de squames aplaties, presque dépourvues de noyau. La sécrétion d’œstrogènes est alors à son maximum, ce qui se reflète dans la morphologie des cellules vaginales.
5 à 6 jours après l’ovulation, on observe de nouveaux changements. La sécrétion d’œstrogènes diminue progressivement, entraînant la disparition progressive des cellules anguleuses. On remarque alors des cellules moins anguleuses, souvent organisées en colonnes. C’est ce que l’on appelle le diœstrus.
Que nous indique-t-il ?
Auparavant, nous indiquions aux propriétaires le moment optimal pour la saillie en nous basant sur la morphologie des cellules vaginales.
En substance, lorsque nous observions un frottis caractéristique de l’œstrus, nous leur recommandions : “Commencez à faire saillir votre chienne quotidiennement ou un jour sur deux.”
De nos jours, nos connaissances sont plus avancées.
En effet, la méthode la plus fiable pour déterminer le jour de l’ovulation chez la chienne consiste à effectuer un dosage de progestérone. Cette méthode reste la référence absolue dans ce domaine.
Les frottis vaginaux ne sont pas suffisamment précis pour nous permettre de cibler avec exactitude la fenêtre de fertilité de 4 jours observée chez les canidés. En effet, le frottis caractéristique de l’œstrus décrit précédemment peut être observé depuis 10 jours avant l’ovulation jusqu’à parfois 10 jours après…
Cela ne signifie pas pour autant que les frottis vaginaux soient dénués d’intérêt.
Comme je l’ai mentionné au début de cet article, je réalise cet examen lors de chaque consultation dédiée à la détermination du moment de l’ovulation. SYSTÉMATIQUEMENT.
Voici quelques raisons qui justifient cette pratique :
> Certaines chiennes ovulent très tardivement dans leur cycle (j’ai observé des cas d’ovulation survenant 30 jours après le début des chaleurs). La réalisation de frottis vaginaux constitue donc une approche préliminaire intéressante pour la détermination du moment de l’ovulation. Pendant les chaleurs, nous commençons par effectuer des frottis vaginaux tous les 2 à 3 jours, et nous n’entamons les dosages de progestérone que lorsque nous observons le frottis vaginal caractéristique de l’œstrus décrit précédemment.
> Les frottis vaginaux peuvent également nous indiquer qu’il est déjà trop tard. Il n’est pas rare de recevoir en consultation une chienne dont le propriétaire n’est pas certain de la date exacte du début des chaleurs. Si le frottis vaginal évoque un diœstrus, cela signifie que l’ovulation a dû se produire au moins 6 à 7 jours auparavant… Dans ces cas, la saillie n’est plus indiquée.
> Lors de l’examen des frottis vaginaux, nous recherchons également d’autres éléments cellulaires. Je m’intéresse particulièrement aux polynucléaires. Ces globules blancs constituent, chez les chiennes adultes, un indicateur d’inflammation. On peut en observer quelques-uns pendant le diœstrus, mais leur présence durant l’œstrus est totalement anormale. En effet, pendant l’œstrus, l’épithélium vaginal atteint son état de différenciation maximal, ce qui le rend particulièrement résistant aux infections (principalement en raison de son épaisseur maximale). La présence de polynucléaires suggère donc une possible vaginite (inflammation du vagin, généralement d’origine bactérienne chez les chiennes adultes) ou, plus grave encore, une infection utérine. Ces observations nous incitent naturellement à approfondir nos investigations (vaginoscopie, échographie sont les examens que je recommande habituellement dans ces situations).
Les frottis vaginaux constituent un outil clinique précieux, et vous comprenez maintenant mieux pourquoi nous y recourons si fréquemment en reproduction canine.
N’oubliez pas que, bien qu’il ne s’agisse certainement pas d’une technique précise pour déterminer le jour exact de l’ovulation, les informations qu’elle fournit peuvent considérablement nous aider à aborder chaque cas de manière plus personnalisée.
C’est pourquoi, dans nos cliniques vétérinaires, je continuerais certainement à recommander
DR. EMMANUEL FONTAINE 